Dans le retour d’expérience des parents et des enfants sur les activités qui les ont le plus marqués pendant la période de confinement à la maison, un tiers d’entre eux ont cité « jouer à des jeux de société et/ou faire des puzzles », et 35 à 40 % « cuisiner ou faire de la pâtisserie ensemble »(*).
Des informations que l’on a vues et entendues partout dans les médias durant le mois d’avril, comme si, tout d’un coup, la France presque tout entière s’était (re)mise à jouer et à cuisiner !
Oui, cette période d’enfermement à la maison a permis de découvrir ou de redécouvrir les vertus rassembleuses et socialisantes du jeu de société, tout comme la place importante tenue par la cuisine en famille dans notre culture, avec ou sans le support d’émissions de téléréalité(**).
Si ces proportions ne reflètent toutefois pas pour autant le nombre de foyers où l’on a effectivement joué ou cuisiné pendant plus de deux mois (ils sont sûrement beaucoup plus nombreux), elles traduisent néanmoins ce qui reste présent à l’esprit : la notion de plaisir partagé. Car derrière ces chiffres et ces pratiques que tout le monde trouve finalement rassurants – voire existants lorsque l’on est éditeur de jeux –, il y a le reflet d’une empreinte mémorielle, souvent accompagnée pour les parents d’un brin de nostalgie par rapport à leur propre enfance. Ce souvenir de bons moments passés ensemble, parents et enfants, même dans un contexte imposé d’enfermement… Où il faut bien passer le temps. Comme dans le temps !
Du bonheur pour tous !
La réponse à la question que bon nombre se pose : « Est-ce que cela va avoir un effet dynamique pérenne sur le marché du jeu ? », se trouve dans la réponse à la question « A-t-on plus joué pour simplement passer le temps ou par véritable plaisir ? ». Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que durant cette période de confinement, correspondant à un repli obligé de la cellule familiale sur elle-même, on a redécouvert que lorsqu’on avait du temps libre à plusieurs en même temps au même endroit, il fallait bien le combler ; et que même si le temps passé devant les écrans de télévision et de jeux vidéo avait été allongé, cela ne suffisait pas. A un moment donné, on a besoin de faire ensemble.
Et le jeu de société a l’avantage d’offrir de multiples possibilités en la matière. En fonction des diverses catégories – il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges –, entre les jeux de réflexion, de culture, de déduction, d’action et d’habileté, ou encore de pur hasard, entre les jeux collaboratifs et les jeux compétitifs, entre ceux dont une partie dure moins de 10 minutes et ceux qui peuvent durer plus d’une heure, entre les classiques intergénérationnels revisités ou non et les dernières nouveautés… Certains, à l’heure des apéros-zoom, ont même découvert que l’on pouvait y jouer en visio !
En ressortant des placards les grands classiques ou en achetant de nouveaux titres, la période de confinement peut être assimilée à la plus vaste opération de reprise en main généralisée des jeux jamais organisée, et aura vraisemblablement des effets bénéfiques pour la filière dans la durée, puisque « comme l'appétit vient en mangeant.. », le désir de rejouer vient en jouant, pour les petits comme les grands. C’est ce qu’on appelle la « Play Experience », et elle est clé sur ce segment.
(*) Source Kiddibus, vague de mai, 1.000 familles avec enfants de 4-14 ans interrogées en semaine 21.
(**) Etude Families@home – Junior City, avril-mai 2020 : occupations et préoccupations de 30 familles durant la période de confinement/fermeture.