33 médailles ont été remportées par les athlètes français au cours des Jeux olympiques de Tokyo 2020, hissant ainsi la France à la 8e place du classement des médailles. Un palmarès qui ne reflète pas pour autant la réalité de la pratique du sport à l’échelle nationale.
Même si la moisson été moins riche qu’escomptée, et la récolte moins fructueuse qu’à Rio il y a cinq ans – nos champion/nes n’ayant pas été au rendez-vous dans plusieurs disciplines –, toutes ces médailles ont été célébrées à leur juste mesure devant la télévision, avec des records d’audience battus malgré le décalage horaire avec le Japon, France 2 devenant, au cours de la quinzaine des Jeux, la chaîne la plus regardée en franchissant presque la barre des 20 points de part d’audience cumulée (source : Médiamétrie). Puis à nouveau sur la place du Trocadéro, le dimanche 8 août, alors que Tokyo transmettait le flambeau à Paris. L’occasion pour une partie des athlètes auréolés de gloire de retrouver le public dont ils avaient été privés, et de nous refaire partager toute une série d’émotions.
Dans ces moments transcendés, force est de constater que la télévision traditionnelle conserve toute sa puissance mobilisatrice : c’est encore elle qui donne envie à plusieurs générations de chausser les baskets, avec des rêves de « plus vite, plus haut, plus fort », de dépassement de soi et de zénith : la TV « aspirationnelle », donc, avec de l’imaginaire héroïque à la clé.
La moitié de ces médailles a été remportée à titre individuel (16), l’autre dans des disciplines ou des sports collectifs (17), un domaine où le partage d’émotions se révèle le plus fort, avec les prouesses que l’on connaît en basket-hand-volley, sans oublier le rugby féminin – des sports à caractère ludique puisqu’on y joue –, mais aussi en aviron (un peu plus galère !), en judo, en escrime ou encore en cyclisme.
« Faire front à plusieurs, réussir en groupe », telle est la valeur que les 6-14 ans apprécient par-dessus tout dans leurs séries télévisées favorites(*). Plus facile pour les plus jeunes de se projeter dans cette célébration de l’effort collectif sur fond d’amusement que dans la pure performance physique individuelle avec, finalement, très peu de héros individuels émergents, Teddy Riner faisant figure d’exception… Au même titre que les stars du football, évoluant dans un tout autre univers !
Au stade plutôt que devant l’écran
Gageons que les exploits réalisés par nos champions tricolores auront un effet positif sur les inscriptions en club des enfants et des adolescents, et espérons que l’engouement pour l’organisation des prochains Jeux olympiques à Paris ne faiblira pas. La vague de septembre du baromètre Junior#Crush(*) permettra de donner, début octobre, des premières indications sur ces retombées une fois l’excitation de l’événement passée ; et de savoir si les clubs de hand, volley, basket, etc. ont à faire face à une augmentation significative d’inscriptions d’enfants de 7-14 ans, et quelles sont leurs motivations dans les (nouveaux) sports qu’ils pratiquent.
Savoir aussi en détail, 33 mois avant leur début, ce que représente la tenue des Jeux en France pour les enfants et les adolescents, la manière dont ils s’y intéressent et dans quels domaines ils sont capables de se projeter. Qu’est-ce qui les fascine autour de ces Jeux à venir, que faut-il leur faire miroiter pour les voir jouer un rôle actif et à leur hauteur dans cet élan national ?
Autres questions : quels programmes vont-être mis en place pour leur permettre de faire plus d’activités physiques ? Qu’est-ce qui pourrait les pousser à s’éloigner de leurs écrans pour aller davantage au stade, à la piscine ou au gymnase ? Est-ce du côté des sports « spectaculaires », plus en phase avec l’époque, comme le skateboard, l’escalade, le surf ou le breaking, tous dans la catégorie des sports individuels, qu’il convient de miser et de créer plus de mode encore ? Ou du côté des sports « académiques », avec la valorisation de l’esprit d’équipe dans un contexte sociétal de plus en plus individualiste ?
Avec pour objectif une réelle implication des enfants et des adolescents, qui se traduise par de la dépense physique et non pas seulement par des dépenses dans des achats de maillots et de merchandising...
(*) ?Étude barométrique annuelle réalisée par JuniorCity en plusieurs vagues : les centres d’intérêt et les habitudes de consommation des enfants de 4-14 ans et de leur famille. 900 familles représentatives au niveau national, avec enfants de 0 à 14 ans.